Le vendeur à domicile indépendant, ou VDI, est un travailleur autonome qui commercialise des produits ou des services directement auprès des consommateurs, sans être lié par un contrat de travail. Il n’est ni salarié, ni commerçant au départ, ce qui lui permet de démarrer son activité sans trop de contraintes… du moins au début. Car les pièges administratifs et les obligations fiscales arrivent vite.
Ce que recouvre réellement la vente à domicile
La vente à domicile implique une démarche commerciale dans un lieu non destiné habituellement au commerce. Il peut s’agir du domicile du client, de son lieu de travail ou encore d’un lieu neutre (ex. : lors d’un voyage touristique). Le VDI ne doit pas être confondu avec un simple vendeur en ligne : ici, la présence physique simultanée du client et du vendeur est obligatoire.
En revanche, certaines ventes sont exclues de ce cadre légal :
- les ventes par téléphone ou sur internet (vente à distance),
- les ventes sur foires, salons, marchés,
- les produits interdits : denrées alimentaires, services de santé, jeux d’argent, produits bancaires et financiers.
Enfreindre ces règles peut coûter très cher : un an d’emprisonnement et jusqu’à 150 000 € d’amende si vous démarcher un client ayant exprimé clairement son refus d’être visité.
2 types de contrat VDI : mandataire ou acheteur-revendeur
Tout VDI doit signer un contrat avec une entreprise de vente directe. Deux formes existent :
VDI mandataire
Vous représentez l’entreprise : vous prenez des commandes au nom de celle-ci, sans acheter les produits. Pas de stock à gérer, pas d’investissement initial. L’entreprise reste propriétaire des produits, gère les livraisons, les encaissements, et vous verse une commission calculée sur votre chiffre d’affaires. Vous êtes payé à la performance, sans prise de risque financier immédiat.
VDI acheteur-revendeur
Ici, vous achetez les produits à l’entreprise et les revendez vous-même, en fixant vos prix dans la limite du tarif public conseillé. Vous gérez stock, commandes, livraisons et paiements. Vous prenez donc un risque, mais vos marges peuvent être plus intéressantes. C’est un véritable modèle commercial.
Un statut indépendant… mais sous l’œil de l’entreprise
Le VDI reste indépendant, sans lien hiérarchique avec l’entreprise. Il organise seul son travail, choisit ses horaires et ses objectifs. Toutefois, l’entreprise peut l’accompagner, notamment au démarrage :
- remise de documents types (bons de commande, fiches techniques),
- formations,
- conseils de gestion,
- opérations marketing (catalogues, échantillons, cadeaux clients).
En retour, le VDI doit respecter la présentation des produits selon les indications de l’entreprise. Il peut aussi être convié à des réunions commerciales. En revanche, l’entreprise ne peut pas lui imposer un secteur géographique.
Un VDI peut cumuler son activité avec un emploi salarié, une autre activité indépendante ou plusieurs entreprises de vente directe (non concurrentes). Attention cependant aux professions réglementées (avocats, médecins, architectes…) et aux fonctionnaires, souvent incompatibles avec ce statut.
Formalités obligatoires : déclaration et immatriculation
Le VDI doit déclarer son activité dans les 15 jours suivant son lancement, via le guichet des formalités des entreprises.
L’immatriculation au registre du commerce et des sociétés (RCS) ou au registre spécial des agents commerciaux (RSAC) devient obligatoire si deux conditions sont remplies :
- Avoir exercé pendant trois années civiles consécutives, même de manière irrégulière,
- Avoir perçu chaque année une rémunération brute supérieure à 23 550 €.
Une fois immatriculé, le VDI perd son assimilation au statut de salarié et bascule dans le régime des travailleurs non-salariés (TNS).
- VDI mandataire : inscription au RSAC, statut d’agent commercial.
- VDI acheteur-revendeur : inscription au RCS, statut de commerçant.
Fiscalité : BNC ou BIC selon le contrat
- VDI mandataire : déclaration des revenus en bénéfices non commerciaux (BNC), avec un abattement de 34 % pour frais professionnels.
- VDI acheteur-revendeur : déclaration en bénéfices industriels et commerciaux (BIC), avec un abattement de 71 %.
Le VDI peut aussi déduire ses frais de déplacement professionnels de son revenu imposable.
TVA : franchise possible
Le vendeur à domicile peut bénéficier de la franchise en base de TVA, à condition de rester sous un certain seuil :
- 37 500 € pour les VDI mandataires,
- 85 000 € pour les acheteurs-revendeurs.
En outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Réunion) : les seuils sont portés à 50 000 € (mandataires) et 100 000 € (acheteurs-revendeurs).
Les documents commerciaux doivent alors mentionner : « TVA non applicable, article 293 B du CGI ».
Cotisation foncière des entreprises (CFE) : attention au seuil
Le VDI est soumis à la CFE si sa rémunération annuelle brute dépasse 7 772 €. En dessous de ce seuil, il en est exonéré. C’est un point à surveiller pour éviter de se retrouver à payer un impôt local imprévu.
Cotisations sociales : un système complexe et variable
Les cotisations sociales sont réglées par l’entreprise de vente directe, chaque trimestre, selon un barème basé sur le revenu brut du VDI avant abattement fiscal. Ce barème distingue les non-immatriculés (assimilés salariés) des immatriculés (travailleurs non-salariés).
Cas du vendeur non immatriculé
Il dépend du régime général de la sécurité sociale, comme un salarié.
- Moins de 606 € / trimestre : aucune cotisation à verser.
- De 606 € à 1 616 € / trimestre : cotisation forfaitaire (ex. : 19 € à 57 €).
- Au-delà de 1 616 € / trimestre : cotisation sur assiette forfaitaire croissante (jusqu’à 4 580 € pour un revenu de 5 751 €).
Au-delà de 5 454 € / trimestre
La cotisation est alors calculée sur le revenu réel, selon les taux de droit commun applicables aux indépendants.
Si vous envisagez de devenir VDI, ne vous laissez pas piéger par l’apparente simplicité du statut. Derrière le discours séduisant des entreprises de vente directe se cache une mécanique administrative, fiscale et sociale bien rodée. Comme toujours, mieux vaut anticiper, s’entourer, et ne rien négliger. L’indépendance a un prix, parfois lourd, que l’administration n’oubliera jamais de vous rappeler.
FAQ sur le statut de vendeur à domicile indépendant (VDI)
Qu’est-ce qu’un VDI et comment fonctionne ce statut ?
Le vendeur à domicile indépendant (VDI) est un travailleur autonome qui commercialise les produits ou services d’une entreprise de vente directe, sans lien de subordination ni contrat de travail. Il peut intervenir chez le client, sur son lieu de travail ou dans tout autre lieu non destiné au commerce. Le VDI choisit son rythme, gère son organisation, mais reste encadré fiscalement et socialement.
Quelles sont les différences entre VDI mandataire et VDI acheteur-revendeur ?
Le VDI mandataire ne possède pas de stock : il prend les commandes au nom de l’entreprise, qui gère les livraisons. Sa rémunération est une commission sur les ventes. Le VDI acheteur-revendeur, lui, achète les produits à l’entreprise et les revend à ses clients. Il fixe ses prix et dégage une marge sur la revente. Il supporte donc un risque financier mais peut viser une rentabilité plus élevée.
Faut-il créer une entreprise pour devenir VDI ?
Pas immédiatement. Le VDI peut démarrer sans être immatriculé, en déclarant simplement son activité via le guichet des formalités des entreprises. En revanche, s’il dépasse 23 550 € de revenus annuels bruts trois années de suite, l’immatriculation au registre du commerce (RCS) ou au registre spécial des agents commerciaux (RSAC) devient obligatoire.
Un VDI doit-il payer des cotisations sociales ?
Oui. Les cotisations sociales sont calculées en fonction des revenus bruts trimestriels. Elles sont souvent forfaitaires pour les faibles revenus, mais dès que le VDI dépasse certains seuils, les cotisations deviennent plus importantes et sont calculées sur une base réelle. En dessous de 606 € par trimestre, aucune cotisation n’est due.
Le statut de VDI est-il compatible avec un autre emploi ?
Oui. Le statut de VDI peut parfaitement être cumulé avec une activité salariée ou indépendante. Il est même souvent utilisé comme activité secondaire. Mais certaines professions réglementées (avocats, médecins, fonctionnaires) sont incompatibles avec cette activité.
Un VDI est-il redevable de la TVA ?
Pas nécessairement. Tant que son chiffre d’affaires annuel reste en dessous de 37 500 € (VDI mandataire) ou 85 000 € (VDI acheteur-revendeur), il peut bénéficier de la franchise en base de TVA. Cela signifie qu’il ne facture pas la TVA et ne la déduit pas non plus.
A partir de quand doit-on payer la cotisation foncière des entreprises (CFE) ?
Le VDI doit payer la CFE uniquement si sa rémunération annuelle brute dépasse 7 772 €. En dessous de ce seuil, il en est exonéré. C’est un impôt local souvent négligé mais qui peut être coûteux si on l’ignore.