La réforme de la facture électronique ne fait pas de distinction : les très petites entreprises (TPE) seront aussi concernées que les grands groupes à partir de 2026-2027. Pour beaucoup de dirigeants de petites structures, cette nouvelle obligation ressemble à un casse-tête administratif de plus, imposé par l’État sans réelle prise en compte de leurs contraintes. Pourtant, derrière cette complexité se cachent aussi des opportunités de simplification et de modernisation.
Une obligation lourde pour les petites structures
Une TPE n’a souvent ni service comptable structuré ni budget conséquent pour investir dans des outils sophistiqués. La facture électronique représente donc un effort supplémentaire, qui peut être perçu comme une charge administrative imposée de l’extérieur.
Concrètement, la TPE devra :
- abandonner le simple PDF ou la facture papier,
- utiliser un logiciel compatible avec les formats imposés (Factur-X, UBL ou CII),
- passer par une plateforme de dématérialisation partenaire (PDP) ou via un opérateur de dématérialisation (OD),
- transmettre aussi les données de ses ventes hors champ (B2C, international) via l’e-reporting.
À cela s’ajoutent des sanctions financières en cas de non-conformité : 15 € par facture manquante pour l’e-invoicing, et 250 € par transmission manquante ou erronée pour l’e-reporting, dans la limite de 15 000 € par an.
Des coûts et des choix difficiles
Le choix d’un prestataire est particulièrement sensible pour les TPE. Les PDP facturent souvent en fonction du volume de factures, ce qui peut vite devenir coûteux pour une petite structure avec une forte rotation de facturation.
Beaucoup de TPE risquent de se tourner vers des solutions a minima, en espérant limiter l’impact financier. Mais ce choix est risqué : une PDP trop basique peut entraîner des rejets ou des retards de paiement, qui pèseront beaucoup plus lourdement sur la trésorerie.
Une opportunité de modernisation
Malgré ces contraintes, la facture électronique peut aussi représenter une occasion de rationaliser les processus internes. En automatisant la génération et la transmission des factures, une TPE peut gagner un temps précieux, réduire les erreurs de saisie et sécuriser sa gestion de TVA.
De nombreux logiciels de facturation adaptés aux petites structures intègrent déjà les formats exigés. À condition de bien les choisir, ces outils peuvent simplifier la vie quotidienne du dirigeant, au lieu de la compliquer.
Le rôle des experts-comptables auprès des TPE
Les TPE ne doivent pas affronter cette transition seules. Les experts-comptables auront un rôle central dans l’accompagnement : choix de la plateforme, paramétrage des flux, vérification de la conformité. Ils devront également alerter leurs clients sur les risques de sanctions et sur les opportunités d’automatisation offertes par la réforme.
Pour les dirigeants, s’appuyer sur leur expert-comptable dès maintenant est la meilleure façon de transformer cette contrainte en outil de gestion plus efficace.
Casse-tête ou simplification : tout dépend de l’anticipation
La facture électronique sera un casse-tête pour les TPE qui attendront la dernière minute. Mais pour celles qui anticipent, elle peut devenir une simplification et un gain de productivité. Tout dépend du choix du prestataire, de l’accompagnement mis en place et de la capacité à intégrer ces obligations dans une logique d’organisation plutôt que de simple conformité.